jeudi 19 mars 2009

Les énergies renouvelables en France et dans l’UE : situation et perspective (Lettre Évaluation n°13 - Septembre 2007)


Article paru dans la Lettre Évaluation n°13 - Septembre 2007

Lors du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement des 8 et 9 mars 2007, l’Union européenne a adopté un objectif contraignant de 20% de consommation d’énergie primaire d’origine renouvelable et de 10% d’incorporation de biocarburants d’ici 2020. Pour ce dernier, les conditions sont que leur production soit durable, que ceux de 2ème génération soient disponibles, et que la directive sur la qualité des carburants soit modifiée.

La situation actuelle
En 2005 selon le baromètre Observer, la part de la consommation d’énergie primaire d’origine renouvelable s’élevait à 6,38% pour l’UE et à 6,03% pour la France. A l’horizon 2010, l’UE et la France se sont fixés respectivement comme objectifs 12% et 10%. La Commission estime que l’UE pourra atteindre 9% à l’horizon 2010.

En 2006, la production totale des énergies renouvelables (ENR) en France s’est élevée à 17,3 millions de tep dont 12,1 millions de tep d’énergie thermique et 5,2 millions de tep d’énergie électrique. Pour cette dernière, la part de l’hydraulique reste prépondérante (91%). Pour la production thermique d’origine renouvelable, c’est le bois-énergie qui est majoritaire avec 83%, même si cette part recule notamment au profit des biocarburants (7%) et des pompes à chaleur (4%).

En matière de consommation d’électricité d’origine renouvelable, la Directive de 2001 fixe un objectif européen de 21% à l’horizon 2010. En 2005, cette part était de 14%. La France s’est engagée à respecter ce même objectif de 21%. Si, en 2005, la part pour la seule métropole était de 11%, elle est remontée en 2006 à 12% en raison d’une bonne production d’hydroélectricité du fait d’une meilleure pluviosité et du développement de la production d’électricité éolienne dont la puissance installée a quasiment doublé en un an.

L’Union européenne et ses Etats membres se sont également fixés un objectif d’incorporation de biocarburants de 5,75% à l’horizon 2010. La France a avancé l’atteinte de cet objectif à 2008 et s’est engagée à atteindre 7% en 2010 et 10% en 2015. En 2005, les parts d’incorporation des biocarburants étaient respectivement de 1% pour l’UE, de 1% également pour la France, de 3,75% en Allemagne, de 2,23% en Suède et de 0,18% au Royaume-Uni.

L’objectif de 20% d’ENR de l’UE à 2020
Pour atteindre l’objectif de 20%, le Conseil européen des 8 et 9 mars dernier préconise que la Commission présente en 2007 une nouvelle directive concernant toutes les ENR. Cette directive porterait sur les objectifs nationaux des États membres, les plans d’action nationaux avec des objectifs sectoriels et les mesures à prendre pour les atteindre, et des dispositions visant à assurer une production et une utilisation durables des bioénergies.

Dans l’étude d’impact accompagnant l’objectif de 20% d’ENR, la Commission compare trois scénarios au scénario au fil de l’eau en s’appuyant sur deux modèles énergétiques : Primes et Green-X. Dans le scénario au fil de l’eau, la part des énergies renouvelables dans le total de la consommation d’énergie primaire est de 7,9% en 2010 et 10,4% en 2020.

L’ensemble des scénarios convergent pour estimer que les potentiels de développement des énergies renouvelables sont pour l’électricité, l’éolien terrestre et en mer et pour la chaleur la biomasse. Pour atteindre une part de 20 % d’énergies renouvelables, la Commission estime le coût annuel moyen supplémentaire à environ 18 milliards d’euros. Ce montant est calculé en fonction d’un prix du baril de pétrole de 48 dollars en 2020. Si le prix du baril monte à 78 dollars, le surcoût annuel moyen tomberait à 10,6 milliards d’euros. Si l’on tient compte d’un prix de la tonne de carbone de plus de 20 euros, l’objectif de 20 % aurait un coût pratiquement égal à celui qu’entraînerait la consommation de sources d’énergie « traditionnelles ».

Les conséquences pour la France
Comme pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, une négociation devra être conduite sur la répartition des efforts en matière d’énergies renouvelables entre les Etats membres. Dans cette perspective, il convient d’estimer ce que pourrait être l’objectif atteignable pour la France, en fonction de plusieurs paramètres.

Le premier est lié aux efforts d’efficacité énergétique. L’UE s’est également fixée comme ambition des économies d’énergie de l’ordre de 20% à l’horizon 2020 par rapport à un scénario tendanciel. Si la France adoptait le même objectif pour 2020, la consommation d’énergie primaire pourrait, selon les scénarios de référence, atteindre de 233 à 240 millions de tep. Si la France adoptait le même objectif d’énergies renouvelables que l’ensemble de l’UE de 20% de la consommation d’énergie primaire d’origine renouvelable, cela signifie que la production d’énergies renouvelables devrait s’élever entre 46,6 et 48 millions de tep par comparaison aux 17,3 millions de tep produites en 2006.

Le deuxième paramètre est le potentiel théorique de développement des énergies renouvelables. Les programmations pluriannuelles des investissements dans les productions électrique et de chaleur fournissent des estimations à l’horizon 2015. Il sera nécessaire de procéder à une réestimation de ce potentiel, sachant d’ores et déjà que l’objectif d’énergies renouvelables électriques de 2010 ne pourra être atteint qu’en 2013.

Un troisième paramètre est la comparaison des impacts environnementaux et bilans coûts-bénéfices entre filières. Comme le souligne S. Dimas : « Les énergies renouvelables sont analysées comme propres par nature… Cependant, il est important d’avoir clairement à l’esprit que ceci n’est pas vrai de toutes les énergies ». De même, pour déterminer la quantité totale à produire, il sera nécessaire de comparer le coût d’économiser une tep à celui de produire une tep supplémentaire d’énergie renouvelable.

Enfin, un quatrième paramètre, défendu par la France lors du Conseil européen des 8 et 9 mars 2007, est la prise en compte de la performance CO2 des bouquets énergétiques existants, de manière à développer d’autant plus les énergies renouvelables lorsque les émissions moyennes d’un pays sont élevées.


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